DONNONS LA PAROLE A NOS PRODUCTEURS LOCAUX :
Entretien avec
Maxime Flamand : Agriculteur à la Ferme du Chant d’Oiseaux
Maxime, pourquoi as-tu choisi ce métier et quel sens cela a-t-il pour toi ?
Pour moi, c’est la continuité du projet familial. Mes parents ont commencé en 1992 en grandes cultures et en production de jus de pomme. Initialement, ils produisaient le jus de pomme pour eux. Puis ils ont développé leur clientèle et le contact avec leurs clients.
Nous avions, mon frère et moi-même, envie de rester dans le secteur agricole et de poursuivre ce que nos parents avaient créé.
Nous sommes donc dans la continuité du projet de nos parents, puisque mon frère Quentin s’occupe des grandes cultures, que nous avons d’ailleurs passées en bio, telles que pommes de terre, oignons, haricots, maïs grain, chicorées, pois ou encore diverses céréales, dont le blé dur destiné à la filière de production du pain et des pâtes. Il cultive également du quinoa et des lentilles. C’est assez varié, ce qui nous permet d’éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier et d’appliquer une rotation des cultures.
Pour ma part, je m’occupe de la production des asperges, du jus de pomme et des melons. Je suis aussi sur la ferme en tant qu’animateur pédagogique.
Je me voyais mal travailler dans un bureau. On a l’habitude de vivre au grand air et d’être en contact avec le client. Les retours de nos clients valorisent ce que l’on fait.
“C’est la continuité du projet familial.”
“Le challenge est de trouver des débouchés pour nos productions.”
Notre production
Asperges, melons, jus de pomme et autres pépites
Le challenge est de trouver des débouchés pour nos productions. Pour les grandes cultures, nous devons avoir des contrats avant de commencer à produire. Nous devons être certains de pouvoir vendre toute notre production. Nous favorisons donc la vente aux grosses coopératives. Ce sont essentiellement des coopératives qui transforment les produits bruts et les revendent ensuite à grande échelle.
Par contre, les produits moins courants, comme les asperges, le melon et le jus de pomme, sont vendus préférentiellement en circuit court de façon à privilégier les commerces locaux, les petites coopératives locales et les maraîchers de la région. Nous disposons également de notre échoppe sur le parking de la ferme où nous proposons une belle gamme de nos produits.
J’ai vraiment commencé la culture des asperges juste après mes études en 2011. Pendant mes études, j’avais déjà planté des asperges, me disant que c’était un bon point de départ. Je vendais alors ma production sur les jardins d’OO à Fernelmont (devenu la COOF) où je tenais un stand au marché que Xavier Anciaux organisait les samedis matin. Maintenant, j’ai un volume bien plus important d’asperges à vendre et donc moins de temps pour pouvoir tenir un stand sur un marché.
Contrairement à maintenant, lorsque j’ai commencé il y avait peu de producteurs d’asperges, car c’est une culture qui demande beaucoup d’espace et dont la production fluctue beaucoup d’un jour à l’autre. Une petite période de chaleur et elles prennent d’un coup 10 cm. Un jour de froid et elles ne poussent que très peu.
Q&R
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton activité ?
Être à l’extérieur ! Le contact avec le client aussi bien sûr, mais le fait d’être dehors au contact avec la terre tout simplement, oui, ça me plait beaucoup.
“Être dehors au contact avec la terre tout simplement”
Qu’aimerais-tu dire aux Andennais ?
Ce que je dirais aux Andennais c’est que, s’ils veulent du local, il faut faire la démarche d’aller le chercher. Nos produits ne sont pas toujours partout et c’est souvent plus facile d’aller dans les grandes surfaces où l’on a tout à portée de main. Mais s’ils veulent vraiment du local, comme nombre de personnes semblent y tendre, il faut aller à la rencontre des producteurs locaux, c’est la meilleure démarche.
On pourrait faire un magasin plus grand ici à la ferme, mais nous ne sommes pas dans cette optique. On a déjà beaucoup d’activités avec la ferme pédagogique et les stages avec les enfants. Par contre, on a la volonté de fournir les magasins locaux et surtout les maraîchers qui ont besoin de se fournir en produits qu’ils ne cultivent pas ou en quantité insuffisante.
Il y a moyen de trouver de tout, produit localement. Il faut simplement que les gens viennent à nous ou aillent dans les magasins qui vendent ce que l’on produit. Et ils sont de plus en plus nombreux.
Nous, producteurs, sommes à même de produire à peu près de tout. Nous avons commencé la production de quinoa et de lentilles. Habituellement, le quinoa vient de l’autre côté de l’océan alors que l’on sait le produire ici ! Pourquoi devrait-il continuer à traverser l’océan alors qu’il peut être cultivé ici ? Pour le moment, on entend beaucoup parler d’alimentation locale et c’est une très bonne chose. Mais il faut maintenant la concrétiser !
Quand vous faites vos courses en grande surface et que vous achetez le quinoa péruvien plutôt que celui qui est cultivé localement, vous faites un choix. C’est vous qui décidez et c’est à vous que revient le dernier mot.
J’ai aussi envie de dire aux Andennais qu’ils ont parfois des idées préconçues sur l’agriculture.
Il est vrai que les agriculteurs pulvérisent ceci ou cela. Mais de nos jours, les normes sont strictes. Allez dialoguer avec un agriculteur, il vous dira ce qu’il fait. L’agriculture outre-Atlantique, au sud de l’Europe ou en Espagne n’a rien à voir avec celle que nous pratiquons ici. Les normes sont très différentes. De nombreux produits interdits en Belgique sont autorisés là-bas. Et ceci est vrai tant pour l’agriculture que pour l’élevage.
“Quand vous faites vos courses en grande surface et que vous achetez le quinoa péruvien plutôt que celui qui est cultivé localement, vous faites un choix. “
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